Monday, November 17, 2008

Les "cartels" de la presse d'agence à l'heure d'Internet!

Des géants de l'édition et des médias broient des journalistes!



Rien n'a été fait pour briser les cartels d'agences, les
monopoles tenus par les agences de presse a l'étranger
qui distribuent l'information qu'elles veulent comme elle
le veulent et quand elle le veulent en rejetant les
principes proclamés bien haut de libre accès a
l'information et de la libre-entreprise.

Je voudrais vous exposer, peut-être l'ai je deja fait il
y a 5 ans environ, un dossier qui concerne peut-être
votre maison de presse, votre agence photo, votre radio
ou télé, votre site Internet.

En Asie, au Japon, en Inde ou en Chine particulièrement,
les agences de presse AP, APTN, Thomson-Reuters,
Bloomberg, UPI, AFP, TV ou photo, pratiquent couramment
une politique de monopole. Elles organisent de fait un
cartel, sur le dos des journalistes correspondants, ESP,
des détachés ou en poste a l'étranger, des journalistes
cameramen et des journalistes radio ou photographes.

Ceux-ci travaillent dans de petites structures, en bureau
de correspondant léger. Soit un reporter et un (e)
assistant interprète ou travaille en indépendant. De
l'Express au Monde ou Guardian en passant par le Figaro
ou Libération, des radios aux télés du monde entier, tous
sont concernés par ces pratiques de brigandages de
l'information. Les plus pénalisés sont les médias du
monde en développement.

Dans certains pays, ceux ou je travaille par exemple, le
Japon ou la Chine, tout journaliste étranger ou national
doit disposer d'une accréditation. Normal mais cela ne
nous permet pas nécessairement de suivre les conférences
de presse ou tout autre manifestation d'ampleur et de
poser des question car un cartel des agences anglo-
saxonnes s'est interposé entre nous et l'événement.

Ces positions de monopole sont, outrage et scandale,
garanties par des "Clubs de Presse", composés par des
journalistes correspondants d'agences étrangères ou
nationaux dans des clubs de presse, présidentiel,
parlementaire, ministères, a la Bourse, dans les
municipalités, les grandes firmes, les organismes
financiers etc. Plusieurs centaines de clubs de presse
au Japon par exemple "cautérisent" ainsi l'information.

Autrement dit, vous faites faire un article ou un
reportage télé radio ou image par un de vos journalistes
ici au Japon. Celui ou celle-ci, même accrédité par sa
maison de presse française, ne pourra pas accéder a
l'événement ou ne pourra pas le filmer, l'enregistrer, le
photographier car ce Cartel des agences de presse
l'interdit.

Je ne suis pas certain que les patrons de presse en
France sont au courant de cette situation qui en Chine ou
au Japon commence a faire hurler les journalistes
travaillant légitimement mais en petite structure. Il
nous faut alors acheter les images ou les photos ou les
sons (de 1000 a 5000 Euros pour 2 minutes d'images télé)
et faire le montage ou un pré-montage et l'expédier a
notre siège.

Mais le scandale ne s'arrête pas la, car les pays (et pas
vraiment des régimes démocratiques en Birmanie ou
en Indonésie) interdisent aux journalistes (même
accrédités) de poser des questions lors de la couverture
d'événements et conférences de presse. Idem au Japon, en
Chine.

Exemple: Imaginez Sarkozy ou Fillon, Royal, Depardieu,
le Pape, Castro etc, viennent a Pékin ou Tokyo rencontrer
le président chinois ou le Premier Ministre japonais,
seule la presse accréditée nationale chinoise ou
japonaise et deux journalistes de la presse
présidentielle du voyage seront autorisés a poser des
questions qui furent préalablement rédigées en vue de la
conférence de presse de clôture de la visite officielle,
tournée, audience.

Les déclarations seront filmées en pool par les rares TV
du pays en question accrédités (La CCTV en Chine, les 5
grandes chaînes japonaises) et par les agences étrangères
APTN, Thomson-Reuters (et éventuellement par une
télévision de la presse accompagnant les officiels
français)

Ces images sont ensuite "vendues" aux TV du monde entier.
Les autres journalistes correspondants accrédités sont
invités a s'asseoir sur un strapontin a regarder et a la
fermer. Puis obligés d'aller acheter les images ou le
son a la chaîne nationale du pays (CCTV ou NHK) ou aux
agences APTN ou Thomson-Reuters. Fair-play?

Ensuite il nous faut faire le reportage, montage et
commentaire et envoyer tout cela a notre siège. Bonjour
la facture pour un sujet news de 2 minutes multipliée par
l'achat des images, les frais de "transport" souvent
assurés par un autre cartel, le cartel des TV nationales
et des agences du genre AP (APTN) via satellite. Le FTP
c'est lent...

En outre cela devient une pratique incohérente a l'heure
du journalisme Internet et Hi-Tech. Un journaliste
cameraman faisant son sujet et son montage et son
"plateau" avec sa télécommande en main.



Difficile donc de concurrencer les Cartels d'agences, ces
géants. Ce principe est typique de ce monopole des
agences anglo-saxonnes (AFP fait du texte, des photos
mais pas de son ou d'images) c'est une pratique allant a
l'encontre de la libre concurrence, du libre accès des
journalistes, et de ce libre commerce et de cette
mondialisation des échanges que les agences AP,
Thomson-Reuters, Bloomberg, AFP, UPI, nous rabâchent en
permanence dans leurs dépêches mais omettent d'appliquer
des que le mot concurrence vient sur le tapis.

Je n'ai jamais vu Paris ou Bruxelles s'emparer du
dossier. L'UE a mentionne simplement que les Kisha Clubs
(les clubs de presse japonais) devraient être ouverts a
la presse étrangère, mais la encore ce sont les cartels
qui l'emportent.

Demain, si une nouvelle secte d'Aum empoisonne la moitié
de Tokyo ou de Shanghai, vous n'aurez pas la liberté de
disposer de reportages images ou photos des responsables
gouvernementaux "tournés" par votre propre personnel
non-membre de ce cartel. Votre reporteur, votre équipe
auront été "filtrés" par les cartels d'agences, les
brassards sur le bras et les seuls acceptés "sur zone"
par les forces de sécurité qui encadrent avec le bâton
facile et les arrestations courantes.

Pour rappel: Nous sommes 600 journalistes étrangers et
japonais accrédités au Japon travaillant pour 200 médias
étrangers, or, parmi eux, il y a une quantité de
journalistes professionnel 'image, son ou photo' qui ne
peuvent avoir accès a l'événement ou aux conférences de
presse et en faire le reportage avec leur propre carte de
presse et leur équipe.

A peine 9 personnes décident de notre sort au sein d'une
organisation croupion (Au Japon c'est le FPIJ) et nous
autorisent parfois nous refusent de couvrir telle ou
telle news, dont les 4 agences de presse qui sont membres
"de droit". Celles-ci nous interdisent l'accès au Board
ou se cooptent et se reproduisent entre elles.

Accrédité comme journaliste-correspondant par deux
grandes groupes de radios- télévisions nationales
françaises, je n'ai jamais pu être élu au titre de "Chair
Radio" régulièrement raflé par VOA, BBC ou Radio
Australie. Idem pour mes collègues européens non
britanniques. (Tout cela a un parfum d'alliance
militaro-politique US et ses "alliés")

Il y a quelques années Philippe Ries quand il était Chef
d'Agence AFP avait lancé un mouvement de résistance
contre les interdictions d'accès aux conférences de
presse au Japon (Gouvernement, administration, firmes,
G-8) estimant que cette interdiction décrété par les
cartels japonais et les 4 agences anglo-saxonnes était
une barrière non tarifaire a éliminer et constituerait un
dossier sérieux qui devait être soulevé devant le Gatt
(OMC/WTO aujourd'hui). Philippe est reparti a Paris.
Mais beaucoup ici ont son combat en souvenir et
souhaitent le réactiver.

Le plus cynique dans tout cela est que le responsable des
questions juridiques au sein du Club des Correspondants
Etrangers de Tokyo (le "Kanji" du FCCJ) est le directeur
des ventes de... AP (Titre: "general manager of market
development and sales for the Associated Press"). Son
influence est considerable au sein du FPIJ, organisme
parent du FCCJ, qui organise les pools des photographes
et cameramen. On le voit peu intervenir pour contrer les
pratiques de cartel de son agence.

Si vous pouviez nous aider par vos conseils ou nous
expliquer comment pouvoir résister et lutter contre ces
cartels, ce serait un plus pour nos maisons de presse,
(vos maisons) en France, des petites, moyennes, ou
grandes entreprises de presse qui sont laissées a l'écart
et ont de plus en plus de mal a lutter contre ces agences
de presse anglo-saxonnes géantes qui vivent bien du
monopole de fait conféré par les autorités nationales de
ces pays d'Asie.

Naturellement, la recette est simple: pas d'autorisation
de couvrir une "news", pas de présence aux conférences de
presse, donc pas de question gênante...

Il en va, en plus de l'aspect commercial, de la liberté
de la presse, et les organisation professionnelles
doivent en être informées, et faire quelque chose aussi
sur ce sujet qui concerne ces pratiques de Cartel AP
Thomson-Reuters Bloomberg UPI AFP.

Je crois que cela le mérite pour une région du monde,
abritant 3 ou 4 milliards d'habitants, qui attise la
curiosité des journalistes. Souvent ils ne savent pas
toujours pourquoi cette Asie demeure si mystérieuse et si
secrète, ce n'est pas nécessairement pour des raisons
d'éloignement ou le fait d'une culture hermétique, peu
perméable au respect de la liberté de la presse et du
libre commerce.

Cet article a été publié également pour la liste de discussion
"Journaliste" animée par Gilles Klein (Arrêt sur Images)
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