Friday, November 18, 2016

South Korea December 1987 to November 2016 continuous violences and political instability...

Crises politiques: rien de nouveau à Séoul

1re partie


Décembre 1987. Kim Dae Jung, opposition, Yoido plaza Séoul, KDJ est le président du "Party for Peace and Democracy."Il fait un froid typique de l'hiver sud coréen. Nous sommes juste avant les présidentielles du 16 décembre 1987. Je me souviens de cette photo car je suis juste à la droite de KDJ sur l'estrade avec derrière moi tout près, un copain et collègue journaliste canadien de la KBS Radio internationale (Ben). Des proches de KDJ nous ont demandé, à quelques journalistes étrangers, de nous tenir debout juste à côté de Kim Dae Jung lors du plus gros meeting tenu sur Yoido. Ils craignent que Kim soit assassiné. Il y a des menaces permanentes depuis son arrestation à domicile et puis il y a eu cette étrange affaire d'accident d'ascenseur qui s'est déroulé dans la région de Kwangju au sud-ouest du pays peu auparavant. Les cables de l'ascenseur se sont rompus just avant que KDJ n'y entre. Ce jour sur Yoido, au coeur de Séoul, la foule devant nous était si impressionnante, 1 000 000 au moins de supporteurs de KDJ. Je pense que les élections qui ont mis ensuite le général Noh Tae woo au pouvoir ont été faussées. KDJ est arrivé 3e avec 26 % derrière Noh Tae Woo et Kim Yong Sam. Il a fallu des années pour que le régime se "civilise". Mais la corruption et les manifestations n'ont jamais cessées. Hier, jadis, des manifestations contre des dictatures militaires. Aujourd'hui les mouvements de mécontentements dans les rues sont économiques, nés de la misère et de la corruption. 



Manifs de Séoul 1987

Défilés d'étudiants sud coréens avec photo de Park Jong Chul 1987



2e partie


2016 Manif anti  Park Geun-hye


18 novembre 2016 : "Le scandale entourant Park n'est pas le résultat d'une incompétence ou même de la corruption elle-même. C'est la réponse de la classe dirigeante sud-coréenne à l'aggravation de la crise économique, dirigée par la faction anti-Park qui a appelé à la dissolution du parti comme  moyen de détourner la colère publique. Aucune réponse à la détérioration des conditions économiques et à la montée du chômage.

La profonde colère populaire contre Park n'est pas le résultat d'un seul scandale. L'administration de Park depuis son arrivée au pouvoir a pris des mesures qui ont toutes généré de l'hostilité. Il s'agit notamment de l'implication des agences de renseignement dans l'élection qui l'a conduite au pouvoir, de la mauvaise gestion du naufrage du ferry Sewol en 2014, qui a tué des écoliers du secondaire, ses attaques contre les partis politiques et les syndicats, la précarisation du travail, des licenciements massifs dans les industries de construction navale, le déploiement d'un système américain de missiles.

Aucune des questions auxquelles les jeunes sont confrontées si Park quitte le pouvoir ne sont réglées. Tous les partis d'opposition, ainsi que la faction anti-Park du parti au pouvoir, instrumentalisent le mécontentement généralisé dans l'espoir d'étayer leurs propres bases de soutien avant l'élection présidentielle de l'année prochaine.

Indépendamment de qui gagnera cette élection, le gagnant s'inclinera devant les grandes entreprises et Washington." 

J'aime un des commentaires: Le prochain président américain pourrait triompher de tout cela! (En anglais: The next US president could "trump" all that! )

FdC de ce texte de Ben McGrath du New Yorker que j'ai traduit en français. CV de BMcG:

J'ajoute que je suis assez d'accord avec cette analyse sur la crise en Corée du sud, euh non, je reformule... sur la compétition politique entre diverses factions et partis politiques et firmes conglomérats sud coréens se battant pour contrôler les pouvoirs en Corée du sud et qui ridiculisent les manifestations des honnêtes gens, de la "base". La plupart est complètement manipulée mais comme toujours en Corée du sud fonctionne par regroupements famille, firmes, quartiers, syndicats, associations, églises, temples  etc. Ces manifs me font repenser aux manifs que j'ai connues quand Chun Doo Hwan a été viré du pouvoir après les manifestations du printemps-été de 1987 précédant les Jeux Olympiques de 1988 (pal pal olympic). L'amérique avait insisté sur le départ alors de Chun, il suffisait de voir les dépêches de A.P. de l'époque, ce que je fis. 

Lors de mes enquêtes et reportages, merci les églises chrétiennes sud coréennes et Kim Dae Jung team, pour mon travail de correspondant de RFI et RF après mon boulot à la KBS, je suivais en effet les manifestions avec des collègues, avec des diplomates. Certains télégrammes diplomatiques envoyés au Quai d'Orsay ont d'ailleurs été écrits par la collaboration d'un diplo et moi-même. C'était alors une crise sud coréenne violente. Beaucoup avaient quitté la Corée. 

Lors d'une manifestation, je me suis fait tirer dessus (tir tendu) par la police. J'étais avec des collègues, dont un collègue journaliste espagnol, Fernando, cela s'était passé près du Lotte et City Hall, lieu de manifestations avec la cathédrale de Myondong. Les tirs contre la presse et les manifestants étaient le fait souvent des policiers et des mafieux les accompagnant, avec leurs vestes beiges de combat et leur casque avec grenades et armes de poing masquées sous la veste. Le tout malgré nos cartes de journalistes. Les mafieux "spéciaux" accompagnaient toujours la police sud coréenne  anti-émeutes durant les manifs, isolaient les manifestants et les tabassaient ou les emmenaient dans des coins sombres ou les jetaient dans les fourgons. Souvent ils disparaissaient pour toujours. 

Toute la crise d'alors avait démarré après la mort de Park Jong Chul, étudiant de Seoul National University, torturé à mort par la police sud coréenne, quelques mois auparavant ainsi que Lee Han-yeol, étudiant de l'université de Yonsei, une grenade lacrymogène lui a été tirée dans le crâne. Il en est mort. 1,6 million de citoyens ont participé à ses funérailles nationales. Ce n'est que peu après que  Chun lâchait du lest... Avant les élections du 16 décembre, les 2 Kim KDJ et KYS n'ont pas pu s’entendre et puis il y a eu l’explosion en vol sur la mer d'Andaman - Birmanie du vol 858 de Korean Air, une bombe posée en cabine par deux agents nord-coréens dont la célèbre Kim Hyon-Hui… Noh Tae woo a remporté les élections. Il y a des années de tout cela... Bref les Coréens du sud vivent aujourd'hui moins sous la dictature de hauts gradés militaires, des meurtriers salissant leur drapeau et leur uniforme. Mais la démocratie a un curieux parfum, la paix est elle possible sur cette péninsule agitée de tous les dangers?